Chambery Fraise

Bienvenu sur Chambery Fraise , mon blogue personnel où de temps en temps suivant mon humeur du moment et donc à une fréquence complètement imprévue , je m’efforce de publier des souvenirs de mes années chambériennes.

Depuis plus 20 ans exilé à Londres, ce journal “extime” pour reprendre l’expression de Michel Tournier me force 1: à écrire en français, 2: de faire travailler mes cellules cérébrales et 3: de garder le lien avec ma ville de naissance ou j’ai passé les trente premieres années de ma vie.

Grosso modo, je le diviserai par époque cela sera bien plus simple. Par contre, il faudra m’excuser de l’incohérence du site, de ses pages et de ses menus. C’est un peu l’équivalent de la découverte dans un grenier ou une cave contenant des reliques de temps oubliés. On voit souvent cela dans les films.

J’ai malheureusement dû me séparer au moment de la vente de notre maison familiale au 315 Rue de La Savoyarde à La Ravoire, de tant de livres, revues, affiches, posters, disques et K7 qui auraient pu constituer un joli musée personnel. C’était avant que je comprenne l’importance d’Ebay qui aurait pu me permettre de me faire un peu de sous et éviter que je mette à la décharge par exemple et entre autres l’intégrale du Chasseur Français annees 70 a 80 dont mon père était abonné. Je ne l’ai jamais lu mais il y aurait beaucoup à apprendre sur l’évolution de la société française en observant les couvertures de ce genre de magazine. Donc j’ai sous la main en fait que très peu de documents concernant ces années et donc il faudra bien que j’utilise le seul instrument à ma disposition: mes souvenirs.

Un des pièges sera d’éviter dans ce blog la mémoire créatrice que j’observe parfois lors de mes discussions mélancoliques mais non nostalgiques.

Et c’est bien mieux ainsi car cette exercice mémoriel que je m’impose est pour repousser le plus tard possible la fatale échéance de la perte de nos facultés cérébrales, ce phénomène inéluctable qui a notamment touché mes parents dans leur ultimes années.

La perte de mémoire ou sa dégradation, j’ai pu l’observer avec mon père tout d’abord dans les cinq dernières années de sa vie puis avec ma mère maintenant hospitalisée depuis l’âge de 98 ans en ehpad (elle en a 102 au moment ou j’écris ces lignes).

Peut être ai je pris conscience de ce phénomène inévitable et qui me motive pour écrire lors de la dernière journée que j’ai passé avec mon Papa que nous avions emmené à l’hôpital 15 jours ma soeur Noelle et moi avant son décès.

Mon père depuis quelques années avait perdu sa mémoire. Démence, Alzenheimer, qui sait ? Et lui mon Papa, la mémoire il ne l’avait guère fait travailler je crois en tout cas pas avec moi qui essayait souvent de récolter quelques informations qui m’auraient aidées à mieux comprendre qui il était.

Ce soir là, à l’hôpital en attendant l’ambulance qui allait le ramener dans chambre a la Monférine, la maison de retraite ou mes parents vivaient chacun à leurs étages respectifs ( lui au premier en tant que personne âgée dépendante et ma mère au quatrième en tant que locataire d’un studio qu’elle appréciait), je découvrais la beauté de mon père. Il faisait tellement jeune malgré ses 95 ans et huit mois. Pour la première fois, je me rendais compte qu’il avait un vrai beau visage avec très peu de rides certainement aidée par le fait qu’il avait su lui, au contraire de ses fils garder ses cheveux. C’était certainement dû au Pétrole Hahn (lotion magique pour les cheveux) et au fait qu’il avait délégué, depuis leur mariage en 1947 à sa femme toutes tâches stressantes. D’ailleurs, ma mère évoquait que c’est elle qui perdait ses cheveux lorsqu’ils ont décidé de faire bâtir notre maison familiale à La Ravoire. Bien que nostalgique, j’ai la chance d’avoir peu de regrets mais s’il en est un, c’est de ne pas avoir appliqué comme mon père régulièrement du Pétrole Hahn sur ma tignasse.

Il avait pris une terrible habitude dans les derniers mois de sa vie: il s’était mis à émettre de temps en temps des couinements de petits cris dont je n’arrivais absolument pas à en comprendre la signification. Je crois avec le recul que ces geignements pénibles embarrassants et humiliants pour moi en tout cas étaient un symptôme évident de démence.

J’espère que la contribution irrégulière à ce blog m’aidera quelque part à retarder ces manifestations embarrassantes de l’inévitable sénilité.

Ce que j’aime bien dans ces photos ( datés de juillet 2008 trouvées grâce à google qui heureusement ne les a pas encore mis à jours ): Tout, bien entendu . La maison, le Granier, les sièges en plastiques blancs, la voiture de ma soeur Noelle.

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